Essence : pourquoi ce n'est que le début, l'explosion des prix à la pompe | Comment l'État nous vole
Alors que le spectre des gilets jaunes plane de plus en plus en France, la fracture sociale ne cesse de croître et l’élection présidentielle approche à très grands pas, le gouvernement n’a plus d’autres solutions que d’agir dans la précipitation afin d’acheter le vote des citoyens au frais des contribuables.
Tandis qu’il avait fallu attendre plusieurs mois avant que le gouvernement ne décide de réagir et de suspendre la hausse des taxes sur les carburants en 2018, désormais, la réaction ne s’est pas faite attendre avec le fameux bouclier tarifaire finalement prolongé jusqu’à fin 2022 comme annoncé par le Premier Ministre Jean Castex ou encore l’établissement d’une indemnité inflation, ce qui semble paradoxale, dans la mesure où il n’y avait encore que quelques semaines, on ne cessait de nous rabâcher que la hausse des prix n’était que transitoire.
Le prix à la pompe, qui a littéralement explosé, vient d’atteindre son plus haut record historique tandis que le prix du pétrole n’est pourtant pas à son niveau le plus élevé.
Quelles en sont les raisons, quelles seront les conséquences et quelles opportunités peut-on envisager ?
C’est justement ce que nous allons voir aujourd’hui.
Table des matières
1. L'hypocrisie écologique et de la "finance verte"
ISR, ESG, finance verte ou encore green bond, la finance devient subitement "responsable" et décide du jour au lendemain qu’il ne faut plus investir dans les compagnies pétrolières qui continuent à extraire du pétrole et qui ne se convertissent pas entièrement aux énergies renouvelables.
Ce même pétrole dont personne semble ne plus vouloir et qui apparaît inutile dans le monde imaginaire écologique à en croire les démagogues. Si la nécessité de se préoccuper du changement climatique n’est évidemment pas remise en question, et il est nécessaire d’améliorer la propreté de nos sources d’énergie, le problème est tout autre.
On l’a déjà vu dans deux autres articles, dont celui concernant la crise du logement que le gouvernement est en train de nous préparer avec le nouveau DPE ou encore la raison de l’explosion du prix de l’électricité avec la répétition du modèle chinois, pénaliser les industries polluantes pourrait s’avérer extrêmement dévastateur : le remède pourrait s’avérer être pire que le mal.
En effet, tout cela est très bien, sauf que le problème est la précipitation. Vouloir changer le monde part d’une bonne intention, mais se précipiter pour le faire peut nous mener à un vrai problème, voire une catastrophe. La conséquence directe c’est que les investissements dans le solaire, l'éolien et autres énergies renouvelables explosent

et les investissements dans l'exploitation pétrolière en revanche s'effondrent.

Le problème c’est qu’on ne va pas pouvoir se passer de pétrole avant un bon petit moment d’autant plus, si on refuse le nucléaire, il faudra donc plusieurs décennies avant que les énergies renouvelables remplacent les énergies fossiles.
2. Le déplacement massif des investissements et les effets catastrophiques
La grande quantité de capitaux canalisés dans les initiatives environnementales n'est pas en soi dangereuse, mais des flux importants sans la rigueur et la discipline des investissements traditionnels peuvent faire des ravages sur les marchés financiers, créant des bulles de prix.
Selon une étude de Bloomberg Intelligence, les encours sous gestion sur la catégorie des investissements ESG devraient atteindre les 50.000 milliards de dollars d'ici 2025, contre 35.000 milliards de dollars en 2020. C’est-à-dire que l’investissement ESG représenterait plus de 35% des 140.000 milliards de dollars d’encours sous gestion prévu pour 2025.
Le risque accrue de cette mode c’est de détourner les capitaux et donc, par voie de conséquence de provoquer une mauvaise allocation du capital. Cette approche "d'investissement responsable", pour soutenir des causes environnementales, qui est surtout et avant tout un petit jeu marketing, peut être justifiée à court terme, mais peut être extrêmement contre-productive à long terme.
En conséquence, la réduction des investissements dans les entreprises et les actifs énergétiques traditionnels pourrait réduire les investissements dans les approvisionnements énergétiques mondiaux, créer des pénuries et déclencher des périodes inflationnistes telles que nous sommes en train de la vivre actuellement. Essentiellement, cela aggraverait le niveau de vie et ajouterait environ 1 milliard de personnes qui vivent déjà dans la pauvreté énergétique selon le Financial Times.
D'un point de vue strictement financier, si les flux de capitaux se poursuivent à un rythme élevé, il existe une réelle perspective d'éclatement de la bulle ESG de la même manière que nous avons connu des périodes similaires avec la bulle technologique de 2000 et de l'immobilier en 2008.
3. Économie = Énergie
De plus, et cela est une évidence, l’activité économique est largement dépendante du pétrole et en réalité, on peut même dire que l’économie se résume tout simplement à la production d’énergie dans la mesure où sans énergie, il n’y a pas de production et donc pas d’échange possible, l’économie disparaît tout simplement.
On voit d’ailleurs sur ce graphique comment l’économie mondiale, ici mesurée par le PIB mondial par tête en dollars constants, dépend largement de la consommation du pétrole, mesuré ici en millions de tonnes, le tout, sur une moyenne glissante sur 3 ans.

On voit également qu’il existe une corrélation importante entre d’une part, la consommation d’énergie, et d’autre part, la croissance économique; croissance économique qui, soit dit en passant, nous a permis de sortir massivement de notre état de pauvreté. Car l’état originel et naturel de l’homme, même si de nombreux défenseurs de la décroissance semble l’oublier, est ni plus ni moins que la pauvreté. Curieusement, on voit sur le nuage de points que nous sommes bien plus dépendants du pétrole aujourd’hui que durant la période qui s’étale de 1965 à 1979.

On le voit également sur cet autre graphique, chaque fois qu’il y a un déficit de la production par rapport à la demande, le prix du pétrole augmente.

Encore une fois, et au risque de me répéter, cela ne veut évidemment pas dire que l’économie ne peut se baser que sur les énergies polluantes, bien au contraire, l’énergie nucléaire en est la preuve, toujours est-il qu’aujourd’hui, en l’état actuel des choses, ces sources polluantes nous sont encore indispensables dans notre vie quotidienne.
Ainsi, comme le disait si bien Lavoisier, “rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme”, et cela en va évidemment de même avec l’énergie et le pétrole. Si l’on dévie les capitaux et arrêtons d’investir dans les sources vis-à-vis desquelles nous restons dépendants, cela aura nécessairement des conséquences néfastes sur notre vie et notre pouvoir d’achat, notamment au travers de l’inflation.
4. Perspective historique de l'évolution du prix du pétrole
Arrivé à ce stade, il faut bien être conscient que l’augmentation du prix du pétrole semble encore assez loin de son plus haut niveau historique.
En effet, lorsque l’on regarde le graphique du pétrole, on se rend compte que le pic de 2008 semble encore loin.

Ici j’ai pris le WTI, c’est-à-dire le West Texas Intermediate, même si le prix du pétrole de référence pour l’europe est le pétrole brent, afin de pouvoir remonter jusqu’à 1859.
Évidemment, ce graphique est trompeur car il est en échelle linéaire et il conviendrait de le passer en échelle logarithmique pour représenter plus fidèlement les variations. De la même manière, nous utilisons des euros et non des dollars. De ce fait, dans la mesure où les importations se font en grande partie en dollars, la fluctuation des devises, au travers notamment d’une revalorisation de l’euro par rapport au dollar, est susceptible de compenser la hausse du prix de l’or noir.
C’est effectivement ce que l’on constate avec la courbe rouge du prix du pétrole en euros qui a moins augmenté par rapport au même produit mais en dollars, dans la mesure où l’euro s’était revalorisé au début des années 2000. Depuis, cette différence s’est réduite puisque la valeur de l’euro est pratiquement à la par avec le dollar.
On peut donc affirmer que le prix du baril pour nous, membres de la zone euro, est en fait déjà assez proche du record historique.

Mais ce n’est pas tout car, outre les effets d’échelle et de devises, il convient également de prendre en compte l’inflation et la baisse du pouvoir d’achat de la monnaie en considérant les fluctuations en monnaie constante et non courante, c’est-à-dire, en incluant l’effet de l’inflation.
Dans un tel cas de figure, on observe qu’en fait, le prix du pétrole est relativement bas par rapport aux deux siècles précédents. Je me suis amusé à reconstituer l’évolution du prix du pétrole en prenant en compte à la fois l’inflation historique ainsi que les fluctuations des devises, même si l’euro n’existait évidemment pas, en plus de passer en échelle logarithmique et voici le résultat.

On aperçoit que le prix du pétrole n'a jamais été aussi cher lors de la fin du 19e siècle, ensuite, un pic durant le 20e siècle a été atteint fin des années 70, début des années 80, lors des deux chocs pétroliers successifs et finalement, durant de 21e siècle, on observe un énième pic en 2008 avec toutefois une très grande augmentation en 2021.
Toujours est-il que le prix n’a pas encore atteint son maximum d’il y 13 ans.
On est donc à environ une quinzaine de pourcentages en dessous du prix maximum. Sachant qu’en l’espace d’un an, entre octobre 2020 et octobre 2021, les prix ont tout simplement doublé puisqu’on constate une augmentation d’environ 130%, on peut tout naturellement et légitimement s’attendre à ce que ces 15% restant soient atteint dans les mois à venir, connaissant l’état actuel de l’économie.
5. Taxes, Taxes, Taxes et re-Taxes
Sachant cela, ce qui semble paradoxal, c’est que le prix à la pompe n’a jamais été aussi élevé et dans le cas du gasoil par exemple, il dépasse d’ores et déjà les 1,56€ le litre.
La raison est en fait extrêmement simple, c’est évidemment la part des taxes. Curieusement, on vient de voir que le prix le plus élevé durant les années 2000 avait été atteint en 2008 et effectivement lorsque l’on prend en compte le prix de l’essence hors-taxes, celui-ci avait atteint les 78 centimes le litre cette année-là. Pourtant, lorsque l’on considère le prix réellement payé par les consommateurs, le maximum est bel et bien atteint en octobre 2021 et non en 2008, pour un montant d’1,56€ le litre. Le précédent record avait été atteint en 2018, juste avant la crise des gilets jaunes.

Je pense que je ne vous apprends rien si je vous dis que les stations essences sont une incroyable manne financière pour l’État : on paye plus de taxes que de produit lui-même, ce qui représente en fait un imposition supérieure à 100% !
Après avoir poussé massivement les gens à se détourner de l’essence afin de les inciter à opter pour le diesel, à partir de 2015, le gouvernement a décidé de diminuer l'avantage consenti au diesel en augmentant fortement la TICPE du gasoil, c’est-à-dire la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques, anciennement appelée TIPP pour taxe intérieure de consommation sur les produits pétroliers.
Ce plan devait mener à rendre le diesel plus cher que l’essence d’ici 2022 même si dans le même temps le Super était lui aussi augmenté, reflétant une volonté d'augmenter les recettes de l'État par tous les moyens possibles. Cependant, devant la furie des gilets jaunes, excédés, l'augmentation de ces taxes a été gelée fin 2018.
Sur ce graphique, les courbes en pointillés rappellent le plan initial d'augmentation. On observe malgré tout une forte diminution de l'avantage du Diesel par rapport au Super sans Plomb et pour l’avenir rien ne nous garantit que le gouvernement ne sera pas tenté de revenir sur ces augmentations.

Il faut savoir que le prix du carburant intègre deux composantes principales : le coût afférent au pétrole lui-même ainsi que la fiscalité.
En ce qui concerne le coût du produit pétrolier en soit, il est composé du coût d’achat du pétrole brut, du coût du raffinage permettant de transformer le pétrole en carburant et finalement, du coût de stockage, de transport et de distribution dans les stations-services.
Au niveau de la fiscalité, qui est extrêmement lourde, et bien en réalité, lorsque nous passons à la pompe, nous n’achetons pas un seul produit, c’est-à-dire du carburant, mais deux produits. Nous achetons également des impôts.
Certains se demanderont peut-être : "comment est-ce qu’on peut acheter des impôts, qu’est-ce qu’il raconte celui-là ?"
Et bien sachez que la fiscalité est composée de deux taxes :
D’une part, la TVA classique qui est un taux, donc proportionnel à 20%, et d’autre part, nous l’avons vu précédemment, la TICPE qui est un montant fixe de 69,02 centimes le litre d’essence et 60,75 centimes le litre de diesel.
Sauf qu’en plus de cela, gigantesque arnaque, on paie également de l’impôt sur de l’impôt, c’est-à-dire de la TVA sur la TICPE. En d’autres termes, la TVA s’applique non seulement sur le prix du carburant, mais aussi sur celui de la TICPE.
À titre personnel, j’aimerais bien qu’on m’explique quelle valeur ajoutée peut bien comporter une taxe, ici la TICPE. Si vous possédez la réponse, n’hésitez pas, les commentaires sont faits pour ça.
Cela fait monter la part des taxes dans le coût d’un litre de diesel à environ 60%.

Pas étonnant donc que la TICPE constitue la quatrième ressource fiscale de l’État après la TVA, l’impôt sur le revenu et l’impôt sur les sociétés.

Pour faire simple, pour un plein de 50 litres de gasoil, le coût total est d’environ 77,83€, dont 34,48€ concernant les coûts afférents au carburant lui-même et 43,35€ de taxes, ce qui représente un joli taux d’imposition de 126%.

De ce fait, même si la TVA, qui est proportionnelle, et la TICPE, qui est fixe lorsque le prix du pétrole monte, en valeur relative, la part des taxes diminue mais en valeur absolue, l’impôt collecté par l’État augmente comme on peut le voir sur ce graphique.

D’ailleurs, l’augmentation du prix du pétrole fait mécaniquement chuter le taux de taxation du carburant qui reste malgré tout extrêmement élevé puisque le taux de taxation médian s’élève à 143% depuis 2000.

On comprend donc aisément la peur de nos chers politiciens à l’approche de la prochaine élection, quand on sait que d’après les derniers sondages, la principale préoccupation des français concerne le pouvoir d’achat.

Malgré tout, certaines personnes comme la ministre de l’Écologie Barbara Pompili, qui soit par ignorance, soit par pure mauvaise foi, ont le culot de dire :
On penchera plus pour la mauvaise foi, quand on sait que la marge brute de distribution ne représente que quelques centimes et n’est évidemment pas du résultat net qui lui-même n’intervient qu’après paiement d’impôts.

Malgré tout, cela n’empêche pas Sandrine Rousseau de proposer une augmentation du prix de l’essence de 6 à 10 centimes sur l’année.
Pour couronner le tout, Monsieur Bruno Le Maire, cet homme qui n’est même pas capable de gérer son compte en banque vient nous expliquer qu’un centime de réduction c’est un demi-milliard d’euros de perte et qu’il est donc préférable de distribuer des chèques énergie plutôt que de baisser les taxes.
C’est à se demander dans quel monde ces décérébrés vivent ?!
D’ailleurs, arrivé à ce stade, sachant cela, on peut largement s’attendre à ce que dans les années à venir, ce soient les taxes relatives à l’électricité qui augmenteront dans la mesure où l’État ne peut évidemment pas s’asseoir sur les taxes afférentes aux carburants.
Ce dernier nous poussant de plus en plus à nous tourner vers les voitures électriques, voici donc la prochaine arnaque, tout comme il l’avait fait avec les taxes sur l’essence pour nous pousser à nous tourner vers le diesel !
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