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Le Bitcoin devient un DANGER pour le système Monétaire et Financier : Il faut INTERDIRE le Bitcoin !

“Le bitcoin devient un danger pour le système monétaire et financier et pour les citoyens”. C’est le titre d’une tribune publiée vendredi dernier dans le journal le Monde, par les économistes Jean-Michel Servet et le Haut Fonctionnaire Nicolas Dufrêne.


Du coup, j’en profite pour répondre aux différentes contradictions, point par point, que j’ai pu relever dans l’article, ce qui permettra également à toutes celles et ceux qui sont intéressés par les cryptomonnaies d’avoir des éléments de réponses aux différentes questions que vous êtes susceptibles de vous poser, puisqu'apparemment, “aujourd’hui, un nouveau danger nous guetterait : la fascination pour le bitcoin, qualifié d’or numérique”.


Quelles sont donc ces contradictions et les différents mythes qui tournent autour du bitcoin ?


Est-il possible d’interdire cette cryptomonnaie ? Si oui, comment ?


C’est précisément ce que nous allons voir !


 

Table des matières :

 
1. Monnaie, transactions et bitcoin

Avant même de commencer, il me semble important de mettre en avant le fait que cet article n’est pas très objectif. Les deux économistes sont ouvertement anti-bitcoin et Nicolas Dufrêne avait d’ailleurs été particulièrement critique contre le remarquable reportage d'arte sur Satoshi Nakamoto, en qualifiant le documentaire "d’odieux et partial et de meute sectaire et insultante", les personnes éprouvant une quelconque attirance pour le bitcoin.



À titre personnel, j’ai trouvé ce reportage extrêmement intéressant, ne serait-ce que pour connaître l’origine et les fondamentaux de la cryptomonnaie.


Cela étant dit, on démarre donc l’article avec les phrases :


“Pour les deux économistes, la valeur ajoutée de cette cryptomonnaie par rapport aux moyens de paiement existants est nulle”,


ou encore,


“rappelons d’abord qu’en douze ans d’existence, il ne sert toujours qu’à un nombre infime de transactions non spéculatives”


et,


“son interface technique est de toute façon incapable de gérer plusieurs centaines de milliers de transactions de manière simultanée. S’il se voulait monnaie, le bitcoin a donc clairement échoué”.


Alors là, il s’agit ici d’une critique courante vis-à-vis du Bitcoin et pourtant, une première confusion est faite, consistant à considérer la monnaie comme un moyen de paiement. S’il est vrai qu'à priori, et c’est sans aucun doute ce qui nous semble de prime abord, le plus évident, pouvoir réaliser des transactions est un rôle essentiel, le moyen de paiement n’est qu’une des trois fonctions principales d’une monnaie.


1° En effet, son premier attribut est d’être un intermédiaire dans les échanges.


Autrement dit, et pour simplifier au maximum, je souhaite acheter du pain au boulanger, mais ce dernier ne souhaite pas échanger ses baguettes contre mes chaussures car je suis cordonnier, la seule alternative réside dans un bien intermédiaire appelé “monnaie” que les deux sont susceptibles d’accepter. On est donc bel est bien sur la fonction de moyen de paiement.


2° Ensuite, la monnaie doit également permettre l’unité de compte pour le calcul économique et la comptabilité.


C’est-à-dire la possibilité de fractionner la valeur de la monnaie, par exemple, en euros, en centimes ou dans le cas de l’or, en kilos, en once ou en grammes et ce, afin de réaliser des petites et des grosses transactions entre guillemets. Dans le cas du Bitcoin, dans la mesure où la crypto est fractionnable en satoshis, cette fonction est donc bien remplie.


Le calcul économique est toutefois complexifié dû à la forte volatilité de la crypto.


3° Finalement, la monnaie doit également être une réserve de valeur.

Et c’est précisément là que le bât blesse pour les monnaies fiduciaires que nous utilisons actuellement. Les devises telles que le dollar ou l'euro ne conservent pas leur valeur et sont pourtant des moyens de paiement. L’intérêt de l’usage du Bitcoin, c’est donc en grande partie la réserve de valeur indépendante des états et non censurable, et non nécessairement la possibilité d’effectuer des transactions.


En outre, on pourrait même dire qu’en réalité, le fait qu’un bien soit considéré comme une réserve de valeur ne le convertit pas en moyen d’échange présent, mais en moyen d’échange futur puisque comme l’expliquait l’économiste Carl Menger, il nous est possible de définir un bien comme une monnaie à partir du moment où il nous est possible de l’échanger contre ce dont nous avons besoin en assumant le moins de pertes possible, et ce, durant l’ensemble du processus d’échange. Ce processus inclut le temps de thésaurisation entre d’une part, le moment où la monnaie est acquise et d’autre part, le moment où elle est échangée.


C’est donc précisément en ce sens que l’on peut dire qu’une monnaie considérée comme une réserve de valeur est en fait un moyen d’échange futur et non présent, puisque tôt où tard, la crypto servira pour acheter autre chose.


Précisément, en vertu de la loi de Gresham qui veut que "lorsque dans un pays circulent deux monnaies dont l'une est considérée par le public comme bonne et l'autre comme mauvaise, la mauvaise monnaie chasse la bonne".


C’est-à-dire que les agents économiques préfèrent conserver, thésauriser la bonne monnaie, ici le bitcoin, et utilisent, pour payer au cours de leurs échanges, la mauvaise, dans le but de s'en défaire au plus vite, ici les monnaies fiat.


En d’autres termes, on peut clairement dire que le Bitcoin respecte les trois fonctions de la monnaie avec une légère différence dans le cas du moyen de paiement, ce qui ne l'exclut pas pour autant de la définition de monnaie.


Petite aparté, certaines personnes estiment, à tort, que le Bitcoin ne peut pas être défini comme une monnaie ou une réserve de valeur car il n'est pas stable.


Si la stabilité est une qualité d'une bonne monnaie, il ne s'agit pas en revanche d'un de ses attributs. Autrement dit, il peut tout à fait exister des monnaies qui ne sont pas stables (donc potentiellement de mauvaise qualité), sans pour autant que cette instabilité vienne remettre en question la définition de monnaie. Cette instabilité complexifiera le calcul économique mais ne remet pas en cause la définition de monnaie. Ainsi, dans le cas du Bitcoin, le calcul économique sera plus complexe, quoi qu'il existe toujours la possibilité de rendre stable la monnaie au travers d'instruments financiers du type futur, mais il s'agit bien d'une monnaie.



En ce qui concerne la volatilité et donc la réserve de valeur, il est fréquent de considérer l'or comme une réserve de valeur, pourtant le métal précieux avait drastiquement chuter suite à son pic de 1980 et de 2012. La volatilité ne remet donc pas en cause la capacité à protéger les investisseurs dans le bitcoin qui trouvent d'autres avantages à la cryptomonnaie qui viennent compenser la volatilité sur le court-terme, comme le pseudo-anonymat, l'impossibilité d'interdire sa possession, le fait de sortir du système bancaire traditionnel, la possession d'un actif non manipulé par les gouvernements, etc.


De plus, après une simple analyse historique du cours du bitcoin, n'importe qui possédant un minimum de connaissances financières et économiques est capable de se rendre compte que la volatilité du bitcoin tend à se résorber avec le temps (oui même après la chute de décembre 2021).


Une répartition de la fréquence des variations journalières au travers d'une courbe en cloche et l'analyse du graphique en échelle logarithmique plutôt qu'en échelle linéaire, permet de confirmer mes dires.



2. Bitcoin, inégalités et décentralisation

Ensuite, en se basant sur un article de Bloomberg de l’année dernière ou du site BitInfoCharts, les économistes en arrivent à la conclusion que le bitcoin n’est pas plus égalitaire ou transparent car :


“2% des comptes contrôlent 95% de tous les bitcoins. Certains s’y sont enrichis et beaucoup y ont perdu. Ces derniers peuvent-ils réclamer une indemnisation ? Certainement pas”


ou dans un des tweets de Monsieur Dufrêne,


“il est de savoir si Bitcoin est bien un réseau décentralisé, ou un réseau hyper centralisé aux mains de quelques super-riches ou d’institutions financières. La vérité est la seconde option”.



Ici, plusieurs objections peuvent être faites :


1° Premièrement, le fait que Paul ait en sa possession 5.000 bitcoins et Jacques seulement 1, je ne vois pas où est le problème, est-ce que l’on se porterait mieux si aucun des deux ne possédait de bitcoins ? À moins de considérer la richesse monétaire comme seule et unique source de richesse, il y a bien d’autres moyens d’être heureux ou de placer son argent.


L’inégalité n’est pas un problème en soit, en revanche, la pauvreté l’est et curieusement, de plus en plus d’individus où la monnaie nationale est manipulée et avilie par les gouvernements, appauvrissant massivement leur population, se tournent vers les cryptomonnaies et le bitcoin pour se protéger.



C’est d’ailleurs une des trois raisons données par le site la finance pour tous, association soutenue par la Banque de France, l’Autorité des Marchés Financiers et agréée par le Ministère de l’Education nationale.


D’ailleurs, le fait que le bitcoin soit trop cher pour les plus pauvres n’est pas un argument valable, comme on vient de le voir, dans la mesure où le bitcoin étant une monnaie fractionnable, il est possible d’acheter des satoshis. C’est-à-dire que même si un seul et unique Bitcoin coûtait 100 millions de dollars, il serait toujours possible d’acheter un seul et unique satoshis pour un dollar, ce qui permet donc de démocratiser cette crypto à l’ensemble des personnes, indépendamment de leur niveau de richesse.



2° Ensuite, une confusion est faite entre d’une part, le fonctionnement du réseau et la détention de la crypto qu’est le bitcoin.


Si on reprend la définition de centralisation, il s’agit de concentrer, de réunir dans un même centre, sous une autorité unique, l’autorité étant le pouvoir de commander, d’obliger à quelque chose, d’être obéi.


Or le bitcoin est par essence, décentralisé. Cela signifie qu’il n’y a pas d'organe centrale de contrôle au sein du réseau, il est co ntrôlé par tout le monde et personne, c’est-à-dire l’ensemble des membres du réseau, qu’il s’agisse des utilisateurs, des mineurs ou des développeurs : on parle aussi d’organisation acéphale.


Le fait que les jetons soient potentiellement concentrés aux mains d’une poignée de personnes ne remet donc aucunement en question le principe de décentralisation de cette blockchain qui base précisément son fonctionnement sur le Proof-of-Work.


Donc non, le réseau n’est pas hyper-centralisé, la possession peut-être mais pas le réseau. Cela n’a donc strictement rien à voir.



3° Cela nous permet donc de passer au point suivant concernant la concentration de richesse. Ici, effectivement, il semblerait que de plus en plus de baleines, c’est-à-dire de gros investisseurs, accumulent beaucoup de bitcoins.



Ainsi, Glassnode a voulu combattre une affirmation un peu trop facile du journal Bloomberg comme quoi “2% des comptes contrôlent 95% de tous les bitcoins”.


Le problème ici, c’est que parler de “comptes” comme s’il s’agissait d’un seul et unique utilisateur par compte est trompeur et comporte 2 problèmes majeurs :


Non seulement les adresses Bitcoin, terme bien plus juste que “comptes”, peuvent très bien être celles des plateformes d’échange de cryptos qui, par définition, détiennent les fonds de centaines de milliers, voire de millions, de clients, mais il faut aussi prendre en compte qu’un même utilisateur du réseau Bitcoin peut très bien détenir plusieurs adresses, tout comme à l’inverse, une adresse peut détenir les fonds de plusieurs utilisateurs.


C’est d’ailleurs ce que Owen Simonin de la chaîne YouTube Hasheur lui avait répondu, Nicolas rétorquant :


“Et voilà comment un “grand” spécialiste du bitcoin se ridiculise lui-même. Lisez cet article : “ce sont bien les whales, et pas les exchanges, qui contrôlent la majorité des fonds. Sur ces 2% de comptes, 92,7% sont des whales, et près de 7% des exchanges”.



Il faut dire que dans le fond, l'allégation de Owen Simonin n'est pas si farfelue. Dans sa tribune, Nicolas Dufrêne dit :


"pourquoi autoriser ce type d’actifs anonymes, non contrôlés, la plupart du temps non déclarés".


Pourtant, s'il est indéniable qu'il est très fort probable que de nombreuses "Whales" ont en leur possession un grand nombre de bitcoins, de là à en tirer la conclusion que bitcoin est concentré aux mains de quelques personnes, il y a une limite à ne pas franchir, à moins que, malgré l'anonymat qu’il décrit pourtant, il soit capable de connaître qui se trouve derrière l'ensemble de ces adresses.


D’ailleurs, si par exemple des entreprises comme Tesla détiennent du bitcoin à leur actif, ce qui est d’ailleurs le cas, ces bitcoins n’appartiennent pas à Tesla mais aux actionnaires qui de l’entreprise qui se comptent par milliers. Cela en va de même dans le cas des Hedge-funds, family offices ou autres fonds d’investissement. Et pourtant, seule une adresse sera utilisée par ces entités donnant l’impression de concentrer beaucoup de bitcoins en un seul endroit.



Donc à moins d’être parvenu à lever cet anonymat qui le gêne tant, on se retrouve dans une impasse, prisonnier des multiples contradictions qui ornent cette tribune.


Ainsi, même si Glassnode en arrive à la conclusion que la répartition est finalement plus ou moins égalitaire, strictement personne n’est capable de savoir l’étendu réelle de cette répartition dû précisément au pseudo-anonymat.



Car non, le bitcoin, malgré les multiples croyances, n’est pas anonyme !


En revanche, “ce type d’actifs anonymes, non contrôlés, la plupart du temps non déclarés” pour reprendre les mots des deux économistes, définit parfaitement les pièces et billets de banques qui eux, sont effectivement anonymes lors de leurs échanges, non contrôlés, ce sont les principales monnaies utilisés sur le marché noir et non déclaré, puisque l’économie sous-terraine en fait usage, avec en plus, le système bancaire traditionnel et l’immobilier.


La raison est en fait assez simple, les acteurs de cette économie illégale ne sont en principe pas vraiment intéressés à ce que l’ensemble de leurs opérations soient enregistrées et archivées de manière indélébile sur la blockchain. Devrait-on pour autant prohiber l’immobilier, les banques et les pièces et billets de banques ?


Ce qui me semble intéressant en revanche de cet argument, sans pour autant en tirer les mêmes conclusions, c’est le fait que quelques adresses sont utilisées par les plateformes comme Binance, Coinbase etc. pour loger les bitcoins de millions d’utilisateurs.


Effectivement, cela est problématique dans le sens où ces plateformes réintroduisent de la centralisation, alors que le but initial du bitcoin est de décentraliser au maximum. Or, lorsque les utilisateurs font usage de ces plateformes, il faut bien comprendre que les bitcoins ne vous appartiennent pas, vous ne possédez qu’une créance et non un droit de propriété vis-à-vis de la plateforme en question exactement comme dans le cas d’un compte bancaire.


Pour contrer cela, il vous faut faire usage de DEX, c’est-à-dire d’exchanges décentralisés comme j’en avais parlé dans ma vidéo sur la DeFi.


D’ailleurs, c’est également la seule manière d’éviter une potentielle interdiction de détention de bitcoins, que les États pourraient décider, après avoir écouté ces économistes par exemple. Car non, il est pratiquement impossible d’interdire le Bitcoin.


Pour rappel, et comme expliqué dans un précédent article, le bitcoin est un actif monétaire, réel, intangible, privé et décentralisé.


Donc à moins de couper internet et détruire les quelque 15.000 nœuds du réseau (et encore, il ne s'agit ici que des nœuds publics, ce nombre est donc bien plus grand si nous pouvions connaître l'ensemble des nœuds privés également), qui est pratiquement impossible et peut être contourné avec un simple VPN, la possession de bitcoins ne peut pas être interdite.



En revanche, c’est la détention qui peut être interdite. On pourrait imaginer un gouvernement sanctionner les individus investissant ou réalisant des échanges avec ladite crypto monnaie afin de décourager son utilisation.


Cependant, un gouvernement aussi tyrannique tentant de supprimer l’usage du bitcoin serait probablement un gouvernement qui tenterait de confisquer une partie de la richesse de ses citoyens et, dans un tel cas de figure, les incitations à se réfugier dans le bitcoin seraient d’autant plus grande, c’est notamment ce que l’on voit actuellement en Chine et dans les multiples pays souhaitant l’interdire.


Comme l’explique Saifedean Ammous, auteur de l’excellent livre “l’étalon Bitcoin” que je recommande, la meilleure manière de tuer le bitcoin c’est non pas de l’interdire mais de le concurrencer et proposer une alternative bien meilleure en retournant à l’étalon-or classique et en assurant la confidentialité des données par exemple.


Chose qui n’est évidemment pas prête d’arriver !


3. Bitcoin, une invention dangereuse sans aucune valeur ajoutée ?

Ce qui est assez déroutant avec cette tribune, c’est que l’on assiste à une autre contradiction au début et à la toute fin de l’article.


En effet, difficile de démarrer une tribune en expliquant que :


"Cachées sous des habits techniques, certaines « innovations » constituent en réalité de dangereuses régressions. Ce fut le cas, par exemple, du Coinage Act de 1873 aux Etats-Unis. [...] Aujourd’hui, un nouveau danger nous guette : la fascination pour le bitcoin, qualifié d’« or numérique »".


Et dans le même temps, conclure que :


“Face à cette régression monétaire, qu’attend-­on pour interdire le bitcoin”.


On est légitimement en droit de se demander si effectivement, comme cela est pointé pourtant si justement du doigt, le réel problème n'est en fait pas la volonté de toujours réglementer et décider pour les autres ce qui est bon et mauvais pour eux.


Si le diagnostic de départ semble bon, c'est l'hypertrophie réglementaire du législateur qui cherche à protéger la population trop ignorante à son goût, la solution apportée est en totale contradiction : interdire ou réglementer de manière extrêmement stricte le bitcoin.


En tout état de cause, si vraiment le bitcoin n’apportait aucune valeur ajoutée comme ces économistes le prétendent, à quoi bon vouloir l’interdire ?


À moins de considérer les investisseurs l’adoptant comme de simples ignorants qu’il faudrait donc éduquer et leur expliquer ce qui est bon ou mauvais pour eux, il n’y a aucune raison d'interdire le bitcoin, puisque ces derniers, tôt ou tard se rendront compte de la supposée inutilité de cette crypto monnaie.


Or, si nous trouvons un quelconque bénéfice au bitcoin et nous choisissons volontairement de fuir la monnaie fiat, c’est précisemment parce que cette crypto apporte une valeur que la monnaie fiat est incapable de fournir.


Par exemple, si la population estime que la valeur de l’or est nulle par rapport à des cailloux, ce qui, soit dit en passant, est quelque chose de subjectif, alors pourquoi interdire la détention d’or.


A priori, les individus devraient savoir d’eux-mêmes que les cailloux sont plus utiles. Or ce n’est pas ce qui se produit. Les personnes trouvent plus d’utilité et de valeur à l’or par rapport aux cailloux et c’est exactement la même chose avec le bitcoin qui a plus de valeur aux yeux de certains par rapport à la monnaie fiat. À moins de considérer que les gens sont débiles et ne savent pas ce qui est bon pour eux.


Pour autant, dans l’article, il est dit :

“Le bitcoin servirait-il, au moins, d’outil de lutte contre l’affaiblissement de la monnaie, provoquée par une création monétaire excessive ? C’est là un joli paradoxe : cet actif spéculatif, vivant essentiellement des politiques expansionnistes des banques centrales, serait anti-inflationniste. Or il ne doit la croissance de son cours qu’à sa capacité à détourner des centaines de milliards d’euros de l’économie réelle pour des motifs spéculatifs. Il participe donc de l’inflation des produits financiers, et il est déflationniste pour l’économie réelle : c’est la pire configuration possible pour un développement économique sain”.


Ici, il faut reconnaître que l’argument est plutôt bizarre, le bitcoin ne serait pas un outil de protection contre l’inflation car il est créé par l’inflation. Cela reviendrait en quelque sorte à dire, “l’électricité ne peut pas permettre de se chauffer car sa source d’énergie provient de la chaleur”, car oui quelque soit la source d’énergie, la transformation d’énergie en électricité suppose toujours une source de chaleur même dans le cas de l’éolien dont les vents se forment par une répartition inégale des zones de températures et de pression atmosphérique autour de la planète.


De ce fait, il s’agit d’une erreur de penser que toute impression de monnaies augmente nécessairement dans les mêmes proportions le prix des biens et des services ou dans ce cas, le prix du bitcoin.


Il s’agit d’une erreur courante et je reçois souvent dans les commentaires que la planche à billet tourne à plein régime, c’est pour cette raison que la valeur de la monnaie chute. Cela n’est pourtant vrai que partiellement pour la simple et bonne raison que comme je l'avais expliqué dans un précédent article, la masse monétaire n’est qu’une variable avec la demande de monnaie dans l’équation MV=PQ.


Je n’entre pas dans les détails, toujours est-il que cela signifie que la masse monétaire peut très bien augmenter, si la demande de monnaie augmente proportionnellement, alors la valeur de cette monnaie restera stable et ne chutera pas.


Attention ! MV=PQ ne signifie pas que je suis en train de parler ou soutenir la théorie quantitative de la monnaie comme certaines personnes pourraient le penser. Cela est fréquent, même chez les économistes, de confondre équation quantitative de la monnaie et théorie quantitative de la monnaie.


L'équation est en fait une égalité comptable irréfutable qui montre seulement que l'ensemble des dépenses effectués dans une économie (MV) est égal à l'ensemble des revenus (PQ).


En revanche, ce qui est clair, c’est que l’avilissement de la monnaie et la manipulation de cette dernière provoque une perte de confiance dans ce papier et donc, de plus en plus de personnes préfèrent placer leur argent dans le bitcoin.


4. Bitcoin, une catastrophe écologique ?

Finalement et pour terminer, on peut lire dans l’article que :

“nulle pensée progressiste en matière économique et sociale ne peut soutenir un instrument qui, aujourd’hui, n’engendre que spéculation, désastre écologique du fait de son mode d’émission et détournement de centaines de milliards de l’économie réelle”.


Ainsi, outre la vaine séparation entre l’économie réelle d’une part et l’économie financière d’autre part, il est possible d’y opposer deux contre-arguments :


1° Le premier, c’est que les mineurs sont incités à trouver une électricité à très bas prix pour rentabiliser leur activité ce qui les amène à localiser leurs fermes de minage à proximité de projets d’énergie renouvelable ce qui permet d’absorber le supplément d’électricité non utilisé, qui autrement est détruit car il n’est pas stockable. Pour rappel, si l’Allemagne et dans une moindre mesure la France connaissent des périodes de l’année où le prix de l’électricité devient négatif, c’est précisément dû aux énergies renouvelables.


En d’autres termes, le minage pourrait permettre de rendre plus rentables et économiquement pertinents des projets de renouvelable qui autrement sont subventionnés. Donc en se focalisant exclusivement sur l’impact négatif, on en oublie aussi les avantages.


2° Le second, c’est que les cryptos sont le seul secteur de l’économie dont on demande l’interdiction au seul motif de la consommation énergétique. Dans ce contexte, devrions-nous interdire les jeux télévisés et autres loisirs sous prétexte qu’ils sont consommateurs d’électricité ?


Quelle est la meilleure utilité entre consommer des loisirs et investir dans des crypto-monnaies ?


Personnellement je n’ai pas la réponse, il s’agit de choix personnels.


Au lieu de chercher à supprimer des choses qui consomment de l’électricité qui est une approche avec peu de sens (l’électricité n’est que le produit d’une source d’énergie qui peut être à la fois propre et sale), se focaliser sur la consommation d’électricité du bitcoin pour l’interdire ne nous dit rien sur son impact écologique.


Si cette électricité est produite au travers d’énergies renouvelables, il n’y a pas de raison de l’interdire, ou alors, devrions-nous interdire les voitures électriques sous prétexte qu’elles sont susceptibles de fonctionner avec de l’électricité produite grâce à des sources d’énergies polluantes ?


En ce qui concerne les risques d’investir dans le bitcoin, sa volatilité et le fait que certains ont perdu beaucoup d’argent, la prévention et l’éducation semble préférable à la prohibition.


Par la suite, chacun sera à même de peser le pour, le contre et d’investir si bon lui semble. Dans le cas contraire, interdire les voitures semblerait une bonne solution afin d’éviter les accidents.



Pour conclure, personnellement, je pense que des critiques vis-à-vis du bitcoin et de l’ensemble des cryptomonnaies continueront d’émerger durant de nombreuses années. Il convient donc de pouvoir argumenter afin de promouvoir le débat.


Toujours est-il que je trouve cela formidable dans la mesure où nous sommes en train de passer d’un système de bataille pour les pires monnaies, où les états se battent à coup de dépréciation, à un système où l’on se bat pour savoir qui proposera la meilleure monnaie.


5. Version vidéo de l'article


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