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BCE, Inflation, Tapering et crise de l'électricité : vers-où nous nous dirigeons ?!

Le mois de septembre s'est achevé et la performance des bourses américaines affichent leur plus mauvaise performance mensuelle depuis mars 2020 et le début de la crise sanitaire.


La grosse rentabilité que l’on connaît depuis 2009, avec une forte accélération depuis mars 2020, a été alimentée par la baisse des taux d'intérêt et par l'abondance de liquidités injectées par les banques centrales.


Cela nous a donc fait tomber dans un environnement que l’on appelle couramment TINA, qui est l’acronyme de l’anglais “There Is No Alternative”, c’est-à-dire, que si l’on ne veut pas subir les conséquences des taux d’intérêts négatifs et voir notre épargne fondre comme neige au soleil, nous n’avons pas d’autres choix que les placements actions.


Sauf que désormais, il semblerait que l'économie ait redémarré et elle serait même en surchauffe, en ce sens que plus rien ne justifie que les banques centrales maintiennent des taux négatifs et continuent à injecter autant d'argent.


Depuis maintenant quelques semaines, on ne cesse d’entendre parler du fameux tapering et des conséquences que sa mise en place pourrait avoir sur l’ensemble de l’économie. Ce terme qui était jusqu’à maintenant inconnu par une grande majorité de personnes sera constamment évoqué dans les mois à venir.


Dans cet article, nous parlerons également d'un rapport caché de la Banque Centrale Européenne qui a fuité et a été publié par le Financial Times ainsi que des deux options dont dispose la Banque Centrale Européenne pour faire face à la surchauffe de l'économie.


 

Table des matières

 

1. Le Rapport caché de la Banque Centrale Européenne

Un rapport caché de la Banque Centrale Européenne ouvre la porte à une hausse des taux d'intérêt plus tôt que prévu. D’ailleurs, la BCE prévoit d'atteindre son objectif d'inflation de 2% d'ici 2025.


Cela a été publié par le Financial Times, relayant les prévisions internes de l'institution qui n'ont jamais été publiées et qui suggèrent que la première hausse des taux d'intérêt pourrait se produire dans moins de deux ans. Autrement dit, la hausse des taux, si elle se confirme, interviendrait un an plus tôt que prévu par le marché.



Ainsi, aujourd’hui, nous nous trouvons dans une situation inédite puisque les taux n’ont jamais été aussi bas et cela fait près de 10 ans que nous vivons dans ces conditions.


Actuellement, les taux directeurs de la BCE se trouvent à des niveaux records, historiquement bas et bien que, souvent, dans les médias, on ne mentionne qu’un des trois taux directeurs de la politique monétaire de l’institution, en réalité, il en existe trois !


  1. Le taux d’intérêt des opérations principales de refinancement qui se trouve actuellement à 0%.

  2. Le taux de la facilité de prêt marginal qui est à 0,25%. Et finalement,

  3. Le taux de la facilité de dépôt qui lui est à un niveau négatif de -0,5%.



Pour rappel, le taux des opérations principales de refinancement qui est à 0% est le taux d’intérêt auquel les banques empruntent de la liquidité auprès de la banque centrale pour une durée d’une semaine.


Le taux de la facilité de prêt marginal qui lui est à 0,25% est celui auquel les banques empruntent lorsqu’elles ont besoin de liquidité pour une durée de vingt-quatre heures.


Et finalement, le taux d’intérêt de la facilité de dépôt qui lui, est négatif de -0,5% représente l’intérêt que les banques perçoivent lorsqu’elles déposent des liquidités pour vingt-quatre heures auprès de la banque centrale. Autrement dit, actuellement, elles paient une sorte d’impôt lorsqu'elles déposent de l’argent sur leur compte auprès de la banque centrale.



2. Les révélations du Rapport

Le Financial Times a rendu public une conversation que l'économiste en chef de la Banque Centrale Européenne, Philip Lane, a eu au téléphone avec les économistes de plusieurs banques allemandes et selon lui, les soutiens massifs de la BCE pourraient prendre fin plus tôt que prévu.


La BCE a lutté pendant plusieurs années pour porter l'inflation jusqu'à son objectif et a constamment surestimé la croissance future des prix, qui est le principal facteur dans ses décisions sur la fixation des taux d'intérêt et l'ajustement des achats d'actifs.


Et alors que certains analystes prédisent que la FED (c’est-à-dire, la Réserve fédérale américaine) pourrait commencer à augmenter les taux d'intérêt dès l'année prochaine si l'économie continue de rebondir après la pandémie, la plupart d'entre eux s'attendent à ce que la BCE le fasse beaucoup plus tard.


Sauf que l’on ne sait pas tout ! Et c’est précisément là qu’il faut faire attention !


En réalité, la BCE ne publie que des prévisions économiques pour les trois prochaines années et elle les met à jour tous les trimestres. Malgré tout, le personnel de l’institution élabore également un “scénario de référence à moyen terme”, qui projette les prévisions sur cinq ans et n’est jamais rendu public et Lane explique que ces projections mettaient en exergue le fait que l’inflation perdurerait au-dessus de 2% au-delà de ces 3 années.


Déjà aux États-Unis elle avait atteint un sommet sur les 13 dernières années à 5,4%,

Désormais, c’est la zone euro qui fait parler d’elle avec un taux d’inflation touchant les 3,4%, ce qui correspond à son tour au niveau le plus élevé depuis la crise financière de 2008, ce qui soulève des inquiétudes concernant le récit de la BCE selon lequel les récentes flambées des prix sont considérées comme temporaires.

C’est d’ailleurs, une nouvelle fois l’Allemagne qui mène la danse avec un taux d’inflation qui touche les 4,1% le mois dernier. Le taux est en soi élevé mais c’est aussi la rapidité avec laquelle il est monté qui peut paraître inquiétant, c’est-à-dire, le taux le plus élevé depuis près de 30 ans :

De ce fait, la Réserve Fédérale Américaine, a relevé la semaine dernière ses prévisions d'inflation et a indiqué qu'elle réduirait son programme d’achats d’obligations de 120 milliards de dollars par mois à partir de novembre ce qui pourrait déboucher à une potentielle hausse des taux au cours du second semestre de l'année prochaine.


En ce qui concerne les pays de la zone euro, la BCE a encore une fois déclaré que cela était dû à des facteurs "transitoires" et a prédit que la croissance des prix reviendrait en dessous de son objectif l'année prochaine avant d'atteindre 1,5% en 2023.


Rappelons que la BCE n’est jamais arrivée à faire remonter l’inflation quand elle le souhaitait et alors que nous avons un mouvement de hausse imprévu, on peut légitimement se demander si elle serait capable de la juguler à la baisse dans la mesure où, certes, le covid a créé une perturbation énorme de l’équilibre financier mondial qui résulte de succession d’ajustement, si la réponse de toutes les économies ont été plus ou moins coordonnées et simultanées face au covid, il y a peu de chance que par la suite tous les États se mettent d’accord pour agir dans la même direction ce qui rendra l’inflation incontrôlable si elle est durable.


D’ailleurs, la BCE a adopté récemment une nouvelle stratégie mettant en place 3 conditions avant de relever les taux :


  1. Premièrement, pour relever les taux, la BCE doit prévoir que l'inflation atteindra 2% d'ici 18 mois,

  2. Deuxièmement, les prévisions doivent démontrer que ce niveau perdurera 18 mois de plus.

  3. Et finalement, l’institution doit juger l’augmentation de l’inflation sous-jacente, qui exclut les prix de l'énergie et des aliments, comme suffisante.


Sauf qu’en fait, personne ne sait ce que signifie “une augmentation suffisante” et la BCE reconnaît que cela pourrait même donner lieu à une période transitoire pendant laquelle l’inflation sera légèrement supérieure à l’objectif !


Pour faire simple, ils nous disent tout et son contraire, et jouent avec les mots pour ne pas reconnaître leur impuissance face à la situation qui s’avoisine et la présidente de la BCE avait conclu son récent discours en expliquant que “la pandémie a introduit de nouvelles tendances qui pourraient affecter la dynamique de l'inflation dans les années à venir : ces tendances pourraient produire des pressions à la hausse ou à la baisse sur les prix”.



3. La BCE piégée dans une impasse

En fait, la Banque Centrale Européenne se trouve dans une impasse puisqu’elle ne possède aucun outil efficace permettant de remédier aux problèmes qu'elle devra affronter.

  • D’une part, si elle ne monte pas les taux, elle fait courir le risque que les prix continuent de monter, ce qui aura une conséquence direct sur notre portemonnaie,

  • Et d’autre part, si les taux augmentent, les difficultés d'accès au crédit, la baisse des investissements et les problèmes de financement des États plus endettés que jamais s’accentueraient.


D’autant plus qu’en réalité, on peut largement et légitimement considérer que l’IPC ne reflète pas réellement l’augmentation des prix des biens et des services.


D’ailleurs, dans une note méthodologique publiée par l’INSEE, on peut voir un graphique qui reflète la pondération des postes de consommation pour 2020 et 2021. Autrement dit, combien pèse un poste de consommation dans le panier des ménages.


À titre d’exemple, le poids des transports représentait 15,80% du panier en 2020 contre 13,30% en 2021 et le poids de l’hébergement et la restauration était de 8,20% en 2020 contre 6% en 2021.


Le problème c’est qu’en 2020, les prix de ces différents biens et services étaient relativement faibles étant donné que nous avions vécu plusieurs confinements durant cette année donc pas de déplacements ou très peu, pas de vacances ou moins et ainsi de suite.


En revanche, en 2021, leurs prix ont augmenté puisque nous avons recommencé à les consommer avec une plus grande fréquence.


De ce fait, cette pondération a nécessairement un impact sur les résultats puisqu’en sur-pondérant certaines variables en 2020 par rapport à 2021, on sous-estime l’ampleur de l’inflation sur ces deux années.



D’ailleurs, on le voit sur cet autre graphique et plus particulièrement sur la partie colorée en jaune, si l’on avait choisi de pondérer le panier en 2020 selon les pourcentages de 2021, représenté par la courbe pointillée bleue, l’inflation en 2020 aurait été plus élevée par rapport à celle constatée durant cette année qui est représentée pour la courbe rouge.


Forcément, on constatera nécessairement une sous-estimation de l’IPC en 2021, à la fin de l’année, si l’on avait appliqué les pourcentages de 2020.



Avec ce petit exercice, on s'aperçoit très rapidement des limites de l’IPC afin de calculer l’inflation et pourquoi en réalité, les 2% de la BCE sont très probablement et régulièrement dépassés, du moins, officieusement.



4. La mise en place du Tapering ?

Ainsi, la BCE plutôt que de choisir d’augmenter les taux d’intérêt, du moins pour le moment, préfère se concentrer sur le tapering. Pour rappel, le tapering désigne la réduction progressive de la politique d’assouplissement monétaire à partir de 2013 comme je l’avais expliqué dans une précédente vidéo et les impacts économiques que cela avait provoqué sur la Chine et la situation de Evergrande actuellement.


Christine Lagarde continue d’évoquer une période inflationniste transitoire et a même évoqué un simple recalibrage ou mini-tapering.


On vient de le voir, désormais, plutôt que de se focaliser sur l’IPC, la Banque Centrale Européenne pourrait se concentrer sur l’IPC sous-jacent, de cette manière la flambée du prix des matières premières que nous connaissons actuellement serait tout simplement évincée et non prise en compte.


Pourtant, ces augmentations de prix ne sont pas sans conséquences sur le portefeuille des ménages et dans le cas du prix du pétrole, le baril se rapproche des 80$ : la dernière fois qu’il avait atteint ces niveaux c’était lors de la crise des gilets jaunes.


D’autant plus que les problèmes du prix des produits énergétique ne sont pas prêts d’être terminés dans la mesure où comme nous le verrons dans une prochaine vidéo, la Chine est, outre les problèmes financiers et la bulle immobilière qui est sur le point d’éclater, en train de faire face à une crise de l’électricité et de nombreuses coupures de courants.


Toujours est-il que d’ici quelques mois, nous pourrions assister à un phénomène de stagflation comme l’explique le Financial Times, c’est-à-dire, une période durant laquelle, l’inflation s’installerait durablement avec une croissance faible.


5. Voir la version vidéo de cet article

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