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Le Grand SCANDALE de Cette Inflation | Riches ou Pauvres : Qui en Profite Réellement ?!

Si dans un premier temps "les experts" nous expliquaient qu’il n’y allait pas avoir d’inflation, puis, dans un deuxième temps, lorsque celle-ci est apparue qu’elle n’aurait qu’un caractère transitoire, maintenant, certains expliquent que ce n’est pas grave, l’inflation est une donnée positive pour l’économie puisqu’elle profite aux ménages les plus modestes et permet de procéder à une redistribution des revenus des plus riches vers les plus pauvres.


En d'autres termes, au lieu de craindre l'inflation, nous devrions nous en réjouir, d’autant plus que nous n’avions plus connu de tels taux depuis de très nombreuses années.



D’ailleurs Fabio Panetta, membre du directoire de la Banque Centrale Européenne, nous explique qu’il y aurait trois types d’inflation : la bonne, la mauvaise et la dangereuse.


Or est-ce vraiment le cas ? À qui profite réellement l’inflation ?


C'est justement ce que nous allons voir dans cet article car vous êtes extrêmement nombreux à penser que l’inflation est finalement plutôt positive puisqu’il s’agirait d’une taxe sur les plus riches.


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Table des matières :

 
1. Riches VS Pauvres : Focus comptable, Bilan et Compte de Résultat

Avant même de commencer, une donnée qui me semble importante à mettre en avant c’est que la relation entre l'inflation et la "classe sociale" n'est pas apodictique : autrement dit, les raccourcis faciles consistant à penser que l'inflation nuit toujours, en tout temps et en tout lieu aux riches ou qu'elle avantage les pauvres doivent être évités.


Non seulement parce qu'une inflation suffisamment élevée peut finir par nuire à tout le monde indistinctement, ou à presque tout le monde, mais aussi et surtout, parce que les effets redistributifs d'une inflation plus ou moins modérée dépendent en grande partie de la structure du patrimoine et de la structure des revenus et des charges des différents ménages.


Je m’explique :

En réalité, au même titre qu’il nous est possible de nous focaliser sur les états financiers d’une entreprise, il nous est possible d’analyser le bilan et le compte de résultat d’un ménage.


1° Autrement dit et plus concrètement, en ce qui concerne le bilan, on peut dire que l'inflation aura un impact plus important sur les personnes qui ont en leur possession des actifs monétaires et obligataires que les individus détenant des actifs susceptibles de prendre de la valeur avec l’inflation.


Toujours concernant le bilan, si on se tourne du côté du passif, on dira que ce sont les personnes qui ne sont pas endettées ou dont la dette est indexée sur l’inflation qui seront le plus impactées, tandis que les personnes endettées profiteront de cette perte de pouvoir d’achat de la monnaie.


Ainsi, les classes d’actifs qui vont avoir tendance à prendre de la valeur ou au moins stabiliser leur valeur pour conserver son pouvoir d’achat et contrecarrer l’inflation sont en règle générale, la bourse, l’immobilier et l’or. À l’inverse, les placements monétaires comme les comptes en banques et obligataires comme le fonds euros ou les comptes d’épargne vont être impactés.


Du côté du passif, si j’ai une dette de 100.000 euros et que l’inflation monte, si je rembourse tous les mois 500 euros, alors, tous les mois, je rembourse une quantité fixe dont la valeur diminue au fil du temps. Et celui qui n’a pas de dettes ne profite pas de cette situation, ou celui dont la dette est indexée puisque si le premier mois je dois 500 euros, puis l’inflation monte de 10% durant l’année, l’année suivante, je devrai rembourser 550 euros et ainsi de suite.



2° Maintenant si on regarde le compte de résultat, il y a une nouvelle fois deux catégories à étudier : d’une part les revenus, on parle aussi de produits, et d’autre part, les charges, c’est-à-dire, les dépenses et ces deux facteurs profiteront ou pas de l’inflation selon leur sensibilité.


Concernant les revenus, ce sont les ménages ayant la capacité de bénéficier d’une revalorisation de leur salaire notamment parce que leur pouvoir de négociation avec leur employeur est élevé ou ayant la possibilité de faire croître leurs revenus au même rythme que l’inflation parce qu’ils peuvent augmenter le prix de vente de leurs biens ou services s’ils sont entrepreneurs, qui seront les moins touchés.


À l’inverse, celles et ceux ayant un pouvoir de négociation faible et/ou un salaire proche du SMIC avec une revalorisation annuelle plutôt faible seront les plus impactés.


Finalement, s’agissant des charges, ce facteur va grandement dépendre de la structure des dépenses des ménages et donc du reste à vivre, reste à vivre qui va donc se voir affecté selon la proportion des dépenses dites "compressibles" et "incompressibles".


En effet, a priori, une personne qui arrive à la fin du mois avec la quasi totalité, voire la totalité de ses revenus consommés car n’a que des dépenses incompressibles pour survivre, ce qui est bien souvent le cas, lorsque la personne fait partie des ménages aux revenus modestes, sera bien plus impactée qu’une personne ayant de nombreuses dépenses compressibles et donc la capacité de réduire sa consommation pour maintenir un certain niveau de vie sans que l’inflation ne l’impacte trop grandement.


Évidemment, de la même manière, les postes de dépenses de consommation des ménages auront également un impact sur la perte de pouvoir d’achat des individus. Si par exemple un ménage dépense une grande partie de ses revenus dans la nourriture et c’est précisément le prix de l’alimentation qui monte, alors elle devrait dédier une plus grande partie de ses revenus à l’achat de nourriture. Cette famille sera donc plus affectée que la famille qui dépense une bonne partie de ses revenus dans les loisirs comme les jeux vidéos qui eux n’ont peut être pas vu leur prix monter, voire ont même potentiellement baissés.


Pour ces différentes raisons, il nous est possible de dresser une matrice de l’impact de l’inflation sur les ménages selon d’une part le bilan et donc actif/passif et d’autre part le compte de résultat, c’est-à-dire produits/charges.

Donc comme on vient de le voir, concernant le bilan, c’est-à-dire Actif/Passif, on peut clairement dire que les personnes possédant des actifs susceptibles de se revaloriser et étant endettées tirent profit d’une potentielle hausse de l’inflation, tandis que cette même inflation porte préjudice aux personnes plaçant leur épargne dans des actifs monétaires et placements obligataires, et n’étant pas endettées ou dont l’endettement est indexé à l’inflation.


Du côté du compte de résultat, c’est-à-dire Produits/Charges, on peut dire que les individus ayant des revenus pouvant augmenter, avec un pouvoir de négociation élevé en plus de dépenser leur argent dans des biens et services peu affectés par la hausse des prix et disposant d’un reste à vivre élevé profiteront d’une hausse de l’inflation, tandis que les ménages ne profitant que partiellement, voire pas du tout, d’une revalorisation de leurs revenus car peu ou pas de pouvoir de négociation et dépensant leur argent dans des biens et services dont le prix monte, avec un reste à vivre faible, seront les plus touchés.


C’est donc, la combinaison de ces 4 facteurs qui fera qu’un individu profitera ou pas d’une hausse généralisée et durable du prix des biens et des services au sein de l’économie.

On voit donc que dire que l’inflation profite soit disant aux pauvres et impacte les riches provoquant une redistribution des revenus ou je ne sais quelle autre hérésie, n’a pas de sens et il convient de bien être conscient de ces différents facteurs !


2. Riches VS Pauvres : Qui est le moins impacté dans la pratique ?

Du coup, maintenant que l’on sait cela, on peut tout naturellement se demander dans quelle mesure les riches et les pauvres entrent dans ces différentes catégories et qui profite réellement de l’inflation, qui en sort gagnants dans la vie réelle ?!


Pour cela, il nous suffit tout simplement de regarder la composition patrimoniale des plus riches et des plus pauvres, c’est-à-dire quelle catégorie de ménage possède les actifs les plus “protecteurs” entre guillemets et étant les plus endettées d’une part, et d’autre part, quelle est la structure des revenus et des dépenses des différents ménages.


Et pour cela, rien de plus simple, puisque l’INSEE, c’est-à-dire l’Institut Nationale des Statistiques et des Études Économique a justement publié cette année l’édition 2021 de son étude “Revenus et Patrimoines des ménages”.



1° Premièrement, en ce qui concerne le bilan et plus précisément l’actif. On voit que plus de 90% des ménages faisant partie des 5% les plus riches sont propriétaires, tandis que sur les 50% de la population les moins aisés, seuls 22% le sont.



On obtient des résultats similaires en ce qui concerne les autres actifs et notamment financiers, puisque puisque le taux de détention d’actions (les actions sont la meilleure classe d’actif pour se protéger contre l’inflation), augmente au fur et à mesure de la richesse des ménages. Par exemple, parmi les 20% des ménages aux revenus les plus faibles, seuls 4% possèdent des actions en direct. À l’inverse, chez les 10% des ménages les plus riches, près de 25% détiennent des actions en direct et on constate le même schéma dans le cas des actifs risqués.



D’ailleurs, on voit clairement que le placement préféré des ménages les moins aisés sont les fonds euros des assurances-vie, tandis que chez les plus aisés ce sont majoritairement les actions et les unités de comptes des assurances-vie et viennent ensuite les fonds euros. Il faut savoir que les assurances-vie étant de formidables solutions de transmission patrimoniale, ce n’est pas étonnant qu’une grande partie de l’épargne des ménages même aisés soit placée dans ces enveloppes.



Une autre donnée intéressante à prendre en compte, c’est que la majeure partie du patrimoine des ménages les plus aisés est composé de patrimoine financier, immobilier et professionnel, tandis qu’à la place, l’épargne des ménages les moins dotés est majoritairement concentrée dans du patrimoine résiduel, c’est-à-dire, livret, comptes bancaires ou leurs véhicules.


Donc, au niveau de l’actif du bilan, on sait que ce sont clairement les ménages les plus aisés qui sont, a priori, les moins touchés par une hausse du taux d’inflation.



2° Ensuite, concernant le passif, en termes de dettes. Là encore, et malgré les croyances populaires, ce sont les ménages les plus aisés qui sont endettés dans la mesure où ils ont un accès au crédit facilité. Penser que les riches n’ont pas de dettes est un mythe que beaucoup de personnes croient, alors qu’il s’agit d’un outil indispensable pour faire usage de l’effet de levier.


En ce sens, on constate que seuls 22% des ménages faisant partie des 10% les moins aisés sont endettés tandis que 58% des ménages les plus aisés sont endettés.



Évidemment, on l’a vu, les endettés profitent de la perte de valeur de la monnaie. Pour autant, ceux qui s’endettent pour l’achat d’un véhicule ou un prêt à la consommation seront tout de même plus impactés que ceux qui s’endettent pour acheter de l’immobilier locatif ou faire un prêt professionnel, c’est-à-dire pour investir en faisant usage de l’effet de levier.


Et une nouvelle fois, on s’aperçoit que plus les ménages sont aisés, plus leurs emprunts se concentrent dans l’immobilier et les emprunts professionnels, alors que les moins biens lotis s’endettent pratiquement exclusivement pour des motifs privés,



c’est-à-dire, achat d’une voiture et de biens d’équipement et ce, via des crédits à la consommation.



Encore une fois donc, concernant le passif du bilan on sait que ce sont principalement les ménages les moins aisés qui seront les plus touchés par une hausse de l’inflation.



3° Troisièmement, s’agissant du compte de résultat et plus précisément, des produits, c'est-à-dire, des revenus, il est assez difficile de connaître le pouvoir de renégociation d’un salaire ou d’un revenu et, à titre personnel, je n’ai pas trouvé d’études étayant ce que je vais dire dans quelques secondes.


Toujours est-il qu’on peut légitimement penser que plus le revenu est élevé, plus le pouvoir de renégocier son salaire à la hausse l’est également, dans la mesure où le poste est censé être relativement important.


En revanche, dans une économie, où une personne vit avec un salaire proche du SMIC, voire se trouve à un niveau de subsistance, en principe, sa possibilité de voir croître ses revenus au même rythme que la hausse des prix est limitée même si le SMIC est censé être augmenté régulièrement et chaque fois que l’IPC est à la hausse de 2% par rapport à sa dernière augmentation.


Il semble donc assez plus intuitif de penser que les travailleurs les mieux payés seront ceux qui auront la plus grande capacité à adapter leurs revenus à l'inflation.


4° Finalement et pour terminer, concernant le côté des charges, c’est-à-dire les dépenses, il faut savoir que les familles les plus pauvres sont relativement plus impactées par l'inflation que les familles les plus riches.


En effet, si on regarde la composition de la dépense de consommation des ménages, on se rend compte que plus les personnes se trouvent dans une situation financière aisée et plus la part de leurs dépenses compressibles est élevée. Autrement dit, ce sont des dépenses non indispensables que ces individus pourront couper en cas de besoin.


À l’inverse, plus l’on descend dans le niveau de richesse des ménages et plus la part des dépenses compressibles s'égalise avec le niveau de dépenses peu compressibles, c’est-à-dire l’alimentaire, carburant, santé et autre et des dépenses pré-engagées comme les dépenses de logement et les frais associés, c’est-à-dire les dépenses qui ne peuvent pas être coupées comme l’eau, l’électricité et autres charges courantes.



D’ailleurs, l’INSEE avait réalisé une étude entre 1998 et 2015 démontrant que les ménages les plus modestes faisaient face à une inflation plus élevée que l’IPC classique alors que comparativement, les ménages les plus aisés avaient en réalité connu une inflation plus faible par rapport au chiffre officiel. Cela étant dû au type de dépenses spécifique à chaque ménage comme on vient de le voir.



D’ailleurs, on le voit sur ce tableau, la hausse des prix est plus faible au fur et à mesure que l’on passe des ménages les plus modestes aux plus aisés.



Au Canada, une étude est venue mettre en exergue ce même phénomène.



En Espagne également, une étude du BBVA explique que le taux d’inflation des ménages diminue lorsque les revenus augmentent dans la mesure où les familles les plus modestes concentrent généralement leur consommation dans des produits de première nécessité et/ou dont le prix est réglementé.



On voit donc que le quintil 1 est bien plus impacté que le quintil 5 puisque les prix pour le quintil 5 est même à la baisse.


Une nouvelle fois, on constate que ce sont les plus pauvres qui sont impactés par l’inflation.


Évidemment, ce ne sont pas des relations universelles et intemporelles dans la mesure où arrivé à un certain niveau d’inflation, la hausse des prix impacte tout le monde comme c’est le cas au Venezuela par exemple.


Donc attention aux raccourcis faciles car bien souvent, les premiers à défendre l’inflation, sont également ceux qui nous parlent à longueur de journée de combattre la pauvreté et la précarité.


Si ces prétentions sont évidemment plus que louables, il convient de ne pas tomber dans le piège de confondre les intentions et les conséquences néfastes qu’une mesure peut provoquer, l’élection présidentielle approchant, il convient donc de faire attention aux discours démagogiques.


Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce sont bien souvent les économistes qui baignent depuis des années dans la théorie keynésienne plus que farfelue qui défendent l’inflation.


3. Version vidéo de l'article


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