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Coupures d'électricité, écologisme et contrôle des prix : le combot désastreux et l'exemple chinois

Comme si les problèmes dont souffre le marché immobilier chinois actuellement ne suffisait pas, outre la récente et énième prohibition des crypto-monnaies, comme nous l’avions vu dans un précédent article, désormais, le géant asiatique subit une vague de pannes d'électricité : les deux tiers des provinces du pays connaissent des difficultés d’approvisionnement en électricité au bénéfice des familles et des entreprises ces derniers jours.


De l’autre côté, dans le vieux continent et plus particulièrement en France, le spectre des Gilets jaunes plâne à l’approche de la présidentielle !


Que se passe-t-il actuellement, quelle est la cause des pannes d'électricité et quelles seront les conséquences de cette véritable folie ?


C’est justement ce que nous allons voir dans cet article et nous verrons comment ce que nous vivons actuellement va nécessairement affecter négativement notre porte-monnaie et pourquoi ce n’est en réalité que le début !

 

Table des matières

 
1. Le Grand déséquilibre mondial

Au cours des derniers jours, plus de 20 provinces chinoises ont souffert d'une vague sans précédent de pannes d'électricité et la raison est toute simple : il y a un déséquilibre entre l'offre d'électricité et la demande d'électricité, c'est-à-dire que l'offre n'est pas suffisante pour répondre à toute la demande.


En substance, les causes qui freinent l'approvisionnement en électricité sont la suite logique de la mise en place de la politique énergétique déployée ces dernières années par le parti communiste chinois afin de décarboner son économie et lutter contre le changement climatique.


La chine était et reste largement un pays dont le secteur de l'électricité est fortement dépendant de la consommation de charbon, puisque d’après les données de l’Agence Internationale de l’Énergie, plus de 60% de toute l'électricité chinoise est produite à partir du charbon.

Aussi, et par voie de conséquence, les engagements prix par Xi Jinping dans le but de décarboner l'économie chinoise de manière plus ou moins accélérée ces dernières années, ont favorisé les investissements dans les énergies renouvelables et parallèlement, la production domestique de charbon, c’est-à-dire, la production interne de charbon en Chine a été découragée.

Autrement dit, le parti communiste chinois cherchait à restructurer l'approvisionnement en électricité de la Chine, en donnant, notamment, plus de poids aux énergies renouvelables et donc moins de poids au charbon, même si comme nous venons de le voir, la Chine est toujours extrêmement dépendante du charbon puisque plus de 60% de toute l'électricité continue de dépendre de ce combustible fossile.

Le problème, c’est qu’évidemment, lorsque le vent ne souffle pas autant que d'habitude, que le soleil ne tape pas 24 heures sur 24 ou que certaines régions du pays expérimentent des périodes de sécheresse comme ce fut le cas récemment empêchant les centrales hydroélectriques de fonctionner dans de bonnes conditions, la Chine n’a pas d’autres choix que de produire son électricité à partir du charbon.


Le seul hic, c’est que, étant donné que la production nationale de charbon a diminué, la matière première n’est pas disponible en quantité suffisante.


On pourrait se dire que le pays pourrait malgré tout l’importer, sauf qu’on le sait tous, les relations commerciales avec l’Australie notamment sont de plus en plus tendues et le pays communiste avait interdit l’importation du minerai et depuis le début de l’année, les importations chinoises de charbon ont chuté de 10%.

De ce fait et tout naturellement, le charbon, qui devient rare en Chine mais dont la demande est extrêmement élevée, puisqu’il s’agit du pays consommant le plus de charbon au monde, a fait exploser son prix et par conséquent, le prix de l'électricité qui provient du charbon monte également.

Ce que l’on vient d’analyser jusqu’à maintenant concerne donc l'offre d'électricité.


S’agissant du côté de la demande d'électricité, cette dernière a également explosé en Chine ces derniers mois en raison de la récupération post-pandémique et de la reprise économique mondiale, même si en réalité, il convient de prendre en compte le fait qu’il s’agit d’une reprise post-pandémique et d’une augmentation artificielle de la demande, dans la mesure où cette reprise s’est faite sur la base de tonnes de dettes publiques, sous forme de plans de relance.


C'est-à-dire qu’autour de la planète on assiste à un phénomène de demande excédentaire qui a été poussée par les stimulations monétaires keynésiennes approuvées par tous les gouvernements et en particulier le gouvernement américain ainsi que le gouvernement chinois afin de sortir de la pandémie au plus vite.



2. Le cocktail explosif chinois

Arrivé à ce stade, on vient de voir d’une part la raison pour laquelle l'offre d'électricité est limitée et d’autre part, pourquoi la demande est en constante augmentation.


A priori et économiquement parlant, lorsqu’il existe un déséquilibre entre l’offre et la demande, c’est-à-dire dans ce cas de figure, la demande est supérieure à l’offre, de nombreuses personnes veulent un bien qui est relativement rare, on observe sur le marché une augmentation du prix de ce bien jusqu’à atteindre un nouvel équilibre, puisque les prix plus élevés provoquent une réduction de la demande et donc par la suite, un abaissement mécanique des prix permettant d’assister à un retour à la normal.


Pourtant et aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce n’est pas ce que l’on aperçoit en Chine actuellement. Au contraire, l’offre et la demande ne parviennent pas à s’égaliser et se stabiliser pour la simple et bonne raison que le parti communiste chinois régule et fixe un niveau maximum aux prix de l'électricité ce qui empêche ces derniers d’augmenter et l’on assiste donc à des coupures d’électricité.


Autrement dit, cela signifie tout simplement qu'il y a structurellement plus de demande que d'offre et donc que l'offre ne correspond pas à la demande.


C’est précisément parce que l'offre n'égale pas la demande par une augmentation mécanique des prix de l'électricité, parce que le Parti communiste chinois réglemente les prix et les empêche d'augmenter, que ces coupures ont lieu.


Même si a priori, de nombreuses personnes pensent que fixer des prix maximums à un bien est une mesure pertinente, il faut bien comprendre que dans la mesure où d’une part, le prix du charbon a littéralement explosé, et d’autre part, le prix de l’électricité est fixé arbitrairement et ne peut pas également augmenter, les centrales à charbon diminuent tout logiquement leurs investissements et préfèrent ne pas acheter de charbon en plus puisqu’elles devraient revendre à perte l’électricité générée.


Ainsi, bien que la demande augmente, l'offre ne se comporte pas de la même manière, les centrales thermiques préfèrent ne pas générer d'électricité additionnelle sur la base des prix du charbon, c'est-à-dire à leurs coûts de revient par rapport au prix maximum à laquelle l'électricité fixée par le parti communiste peut être vendue.


Par conséquent, bien que les familles et les entreprises aient besoin de beaucoup plus d'électricité, bien que leur demande en électricité augmente, le secteur électrique chinois, qui comme nous l’avons vu, continue de dépendre majoritairement du charbon, ne leur fournit pas l'électricité dont ils ont besoin.


Grâce à ces quelques explications, on comprend aisément la raison des vagues de coupures d'électricité en Chine.


Évidemment, ce cocktail explosif pourrait être atténué, voire même éliminé par le Parti communiste chinois en mettant fin aux prix maximums notamment.


Sauf que le parti central a décidé d’opter pour d’autres mesures et la principale mesure qu’il a décidé de mettre en place est tout simplement le rationnement de l'électricité, c'est-à-dire qu'il plafonne la consommation d’électricité des entreprises et ces dernières doivent cesser leurs activités pendant les heures de pointe, ont recours au travail de nuit et stoppent leur activité durant certains jours de la semaine.


Autrement dit, il y a actuellement un déséquilibre : l'offre est insuffisante pour répondre à la demande, il y a une demande qui est supérieure à l'offre.


L’option logique pour résoudre ce déséquilibre serait donc tout naturellement d’augmenter l’offre. Malgré tout, le parti préfère parier sur le rationnement de l'électricité, c'est-à-dire essayer de réduire la demande et de répartir l'offre restante entre les familles et les entreprises selon ce que le Parti communiste chinois dans sa grande sagesse, considère arbitrairement comme étant juste.


Grosso modo, comme on vient de le voir, cela ne fait qu’accentuer les problèmes et provoque une pénurie encore plus élevée artificiellement !



3. Les conséquences désastreuses du contrôle des prix ...

Bien évidemment, cela aura nécessairement des conséquences importantes à la fois en Chine, mais également sur le reste des pays autour de la planète !


Dans de telles circonstances, les coupures ont atteint un niveau tel qu'elles menacent désormais la croissance du pays et plusieurs banques internationales comme Goldman Sachs ou Nomura ont abaissé cette semaine leurs prévisions de croissance annuelle du PIB chinois qui reste élevé puisque autour de 7,9% mais qui s’inscrit dans un environnement de reprise économique post-pandémique.

Malgré tout, si ces problèmes devaient perdurer dans le temps et affecter de plus en plus d'entreprises, les effets négatifs sur la croissance économique de ces pannes ne resteront pas un cas isolé en Chine.


Dans la mesure où les chaînes d'approvisionnement mondiales dépendent énormément de la fabrication de certains produits en Chine, si ces usines cessent ou du moins réduisent leur activité en raison du rationnement de l'électricité que le Parti communiste chinois impose, découlant tout naturellement de son contrôle des prix de l'électricité, alors ces chaînes d'approvisionnement mondiales vont également être affectées et en particulier, les industries électro-intensives dont la consommation d'électricité représente une charge très importante et qui interviennent notamment dans les secteurs de la chimie, des ciments, des métaux et du papier.


Cela signifie que bon nombre des produits que nous consommons habituellement en Occident deviendront encore plus chers, alimentant en outre l'inflation qui est en train d’augmenter et qui encore une fois n’est évidemment pas transitoire comme tous ces grands politiciens démagogues ne cessent de nous répéter à longueur de journée.



De plus, les problèmes ne font que commencer, car comme le rappellent les analystes de Bank of America, aucun signe de ralentissement n’est perçu actuellement, dans la mesure où le pic de consommation d’électricité en Chine a généralement lieu en hiver.



4. … et de la folie écologique !

Il convient donc d’être conscient d’une chose : c’est très bien de vouloir décarboner l’économie et il ne s’agit pas ici de faire débat sur ce sujet. Toujours est-il que comme l’a récemment et justement rappelé Patrick Pouyanné, patron de Total Energies :



Tout cela, combiné à l’augmentation récente des prix du gaz et du pétrole,

en plus de la folie des politiques environnementales qui, d’une part restreignent artificiellement l'offre et des politiques monétaires mises en place dans l’ensemble des pays cherchent, d’autre part, à stimuler la demande parce qu’ils sont convaincus que la croissance économique ne peut se faire qu’en stimulant artificiellement la demande en vertu des politiques économiques keynésiennes, va provoquer de sérieux goulots d'étranglement dans certains secteurs de l'économie qui se traduiront soit par des hausses de prix c'est-à-dire par l'inflation, soit par des pénuries, lorsque les États empêchent les prix d'augmenter laissant le jeu de l’offre et de la demande faire son travail.


Ces pénuries se manifesteront notamment au travers de coupures d'électricité comme celles qui sont vécues actuellement en Chine et dont les effets vont bien évidemment au-delà de l'économie communiste.


Du côté du vieux continent, la principale raison expliquant la hausse du prix de l’électricité tient à celle des quotas d’émission de CO2. En effet, en Europe les exploitants de centrales électriques, les industriels ou encore les compagnies aériennes doivent acheter autant de droits d’émission de CO2 que ce qu’ils émettent dans l’atmosphère.


Ces quotas peuvent être :

  • soit achetés aux enchères lorsqu’ils sont émis,

  • soit reçus gratuitement,

  • soit achetés sur un marché européen secondaire, auprès d’autres détenteurs de quotas.

Jusqu’en 2018, le marché du CO2 européen était dysfonctionnel car noyé sous un nombre très important de quotas après la crise de 2008 et le prix de la tonne de CO2 était inférieur à moins de 10€ entre 2012 et 2018.

Sauf qu’à partir de 2018, l’Union européenne a décidé de rendre périssables les quotas non demandés lors de la mise aux enchères au bout d’un certain temps, ce qui n’était pas le cas avant, ce qui a fait mécaniquement augmenter le prix des quotas d’émission de CO2 le faisant passer et fluctuer entre 20 et 30 euros.


De plus, l'Union européenne a récemment décidé de renforcer ses objectifs climatiques afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050 et de réduire ses émissions de CO2 de 55% en 2030 par rapport à 1990 en diminuant notamment le nombre de quotas d’émission de CO2 mis sur le marché tous les ans à un rythme de 4,2% par an ce qui poussera une nouvelles fois les prix à la hausse et aujourd’hui, le prix se rapproche des 65€.


D’ailleurs, les augmentations du prix du gaz, du charbon et des droits d’émission de CO2 ont un impact direct sur le prix de l’électricité qui a atteint un pic à 237€ le mégawatt-heure, tandis que sur la même période, lors des années précédentes, les prix tournaient aux alentours de 70€,

sans que cela ne se traduise par une baisse drastique des émissions de CO2 :

En outre, une autre donnée à prendre en compte, c’est une nouvelle fois l’augmentation des impôts pour des raisons écologiques qui continueront à augmenter et représenter une grande partie de la facture.


À titre d’exemple, aujourd’hui et d’après les données communiquées par le Ministère de la Transition Écologique, plus de 34% de la structure de la facture de l’électricité en France était dû aux diverses taxes que sont la TVA, la TLCFE, la CTA ou encore la TICFE.

D’ailleurs, concernant cette dernière, anciennement dénommée CSPE, elle a été multipliée par 7 en l'espace d’une dizaine d'années !

On peut donc légitimement s’attendre à tirer les mêmes conclusions que la Chine et vivre la même situation dans les mois voire années à venir, d’autant plus si nos politiques mettent en place des mesures similaires.


5. Comment profiter des opportunités qui se présentent ?

Compte tenu de ces nouvelles plus que mauvaises, il convient de toujours chercher à extraire le positif des situations présentes et futures.


On pourrait légitimement s’attendre à ce que les industries polluantes soient de plus en plus affectées par la mise en place de telles dispositions et donc par voie de conséquences, ce sont nous-mêmes qui paieront de notre poche l’augmentation des prix à venir.


Toujours est-il que l’on peut tant bien que mal, chercher à se protéger en investissant directement dans les entreprises qui bénéficieront de cette nouvelle situation.


Dans l’idéal, investir dans l’ETF Global Carbon ou le iPath Global Carbon pourrait être intéressant.


Le seul hic, c’est qu’il ne sont pas éligible aux pays de l'union européenne. De plus, il faut savoir qu’il ne s’agit pas d’ETF à proprement parler, mais d’ETC ou d’ETN, qui cherchent à s’exposer aux instruments dérivés que sont les futures sur émissions de CO2 américains et européens.

Dans la mesure où l’on souhaite investir dans la transition écologique, les alternatives sont donc les ETF de Lyxor et Amundi et qui tous les deux ont performé de plus de 46% depuis l’année dernière.

Ces deux ETF ne sont pas éligibles au PEA, mais il est toujours possible de les loger sur un compte-titres et étant donné qu’ils sont capitalisants, cela permet de bénéficier de l’avantage du réinvestissement des dividendes sans payer d’impôts.


D’ailleurs, les deux sont disponibles sur Trade Republic.



Finalement, avant de terminer et pour continuer avec la recommandation de livres, un livre qui est extrêmement intéressant, que j’ai beaucoup aimé et dont la première partie traite justement de la fixation arbitraire des prix et de l’hérésie économique que cela suppose est Basic Economics de l’économiste Thomas Sowell.


À savoir que le livre n’existe pas en Français, mais il est également disponible en espagnol, sous le nom Economía Básica.



6. Voir la version vidéo de cet article


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